Être « pluridisciplinaire » : astuces pour l’assumer et le communiquer

Je n’aime pas les cases. Et pourtant il est parfois plus facile de se faire comprendre quand on utilise une catégorie prédéfinie pour se présenter aux yeux des autres. Mais que faire quand il n’existe pas de catégorie dans laquelle nous entrons ? Ou plutôt, que nous entrons dans plusieurs catégories, ou des catégories fourre-tout ?

Dans ce petit article, je vais essayer de vous aider à vous questionner sur votre pluridisciplinarité, à l’assumer et à communiquer autour de celle-ci. Pour cela, je vous donnerai certaines astuces auxquelles j’ai pensées, que j’ai testées et, pour certaines, que j’utilise. Car, comme vous avez pu le constater en parcourant mon site, je rentre dans plusieurs catégories ! Je vous partagerai également certains de mes freins, et mes façons de les solutionner.

Pour commencer, je dirais que j’ai un fonctionnement qui ressemble notamment à celui définissant les « multi-potentiels » : j’ai énormément de centres d’intérêt et n’aime pas faire plusieurs fois la même chose. J’ai besoin de me renouveler constamment et d’explorer des disciplines parfois très éloignées les unes des autres. J’ai tendance à apprendre tout ce dont j’ai besoin pour faire ce que je souhaite faire… puis, une fois ma tâche effectuée, j’en oublie la plupart, l’occulte pour « faire de la place », surtout depuis que je commence à prendre de l’âge… Avant, j’avais une mémoire à faire pâlir de jalousie un éléphant (non, j’avoue que j’exagère… un peu ;)).

Parfois, j’apprends également des choses juste pour le plaisir… dans ce cas, mes connaissances se situent au niveau théorique la plupart du temps, la pratique venant dans un second temps quand je décide d’approfondir.

Une de mes motivations à écrire cet article est d’encourager les gens ayant ce type de fonctionnement à oser faire ce qu’ils souhaitent. Et à trouver des clés, ou du moins des pistes, pour développer leurs activités sans être (trop) freinés par cette pluridisciplinarité.

Cela permet aussi à ceux qui le souhaitent de mieux me connaître !

Avoir plusieurs activités… ou pas

Il existe une limitation très « franco-française » au sujet de la pluridisciplinarité. En France, il faut être spécialiste pour être reconnu : « si on fait plein de choses différentes, c’est qu’on ne fait rien de bien ». Cela tend à changer avec le nombre de plus en plus important de gens qui osent multiplier les activités, mais cette idée reste quand même bien ancrée dans notre inconscient collectif.

Avant de penser à communiquer sur nos activités, il est essentiel de se sentir à l’aise (ou le plus possible), avec le fait d’avoir plusieurs activités et de l’assumer. Car il arrivera toujours d’être confronté au fait que des clients potentiels sauront (parce que vous l’avez dit ou qu’ils l’ont découvert) que vous avez plusieurs activités. Et, parfois, qu’ils aient ce préjugé de non-fiabilité. Autant y être préparé pour que cela ne vous affecte pas, et sachiez y répondre au besoin.

Il est donc important de savoir pourquoi vous souhaitez avoir ces différentes activités :

  • est-ce pour gagner plus d’argent ?
  • parce que vous avez besoin de diversité ?
  • parce que vous avez plusieurs passions/centres d’intérêt ?
  • parce que vous êtes curieux et « touche-à-tout » ?
  • parce que vous savez faire plusieurs choses ?
  • parce qu’on vous y a incité ?
  • une autre raison ? laquelle ?

Ensuite, pour chacune d’entre elles, il est également important de savoir si vous voulez vraiment en faire une activité professionnelle, ou si vous préférez la garder en loisir, ou encore si vous préférez l’abandonner.

Bien sûr, il y a, la plupart du temps, une ou plusieurs activités dans laquelle nous sommes plus à l’aise, dans sa mise en place comme dans sa communication. Mais ce n’est, pour moi, pas cela qui déterminera quelles activités garder et lesquelles mettre de côté. Il est essentiel de ne faire que un ou des métiers que l’on aime.

C’est l’envie, l’élan, l’amour pour cette activité qui prime. Ce qu’elle peut apporter, ce qu’elle nous permet de partager, les valeurs dont nous la nourrissons.

La façon de communiquer, le fait de se sentir légitime ou non, etc., cela vient en second plan, une fois que l’on a choisi les activités que nous voulons développer.

À ce moment, nous faisons le bilan de nos forces acquises et de celles à développer, de nos peurs et de nos limitations, de nos connaissances et de nos expériences, pour avancer dans le développement de ces activités.

Communiquer sur plusieurs métiers/disciplines

Lorsqu’on me demande mon métier, je commence généralement par répondre « artiste », puis je développe si on me le demande.

Catégoriser ou non

La plupart des gens, moi y compris même si j’essaie de ne pas trop le faire, a tendance à classer les gens dans une catégorie. Surtout au niveau professionnel. C’est bien plus facile de se souvenir qu’Untel est musicien que de se dire qu’il est aussi chimiste, plombier et ethnologue !

Pour nous qui avons plusieurs disciplines, cela peut être difficile car cela nous demande de donner la réponse qui nous placera dans la « bonne » case chez notre interlocuteur. Combien de fois ai-je rencontré des programmateurs qui n’ont retenu que « graphiste » dans ma présentation ? Ou des éditeurs n’ayant retenu que « slameuse » ? Ou alors, ils ne retiennent rien, car ils se retrouvent noyés dans toutes ces informations.

Il y a aussi le contexte dans lequel nous rencontrons nos interlocuteurs. Par exemple : si je fais du graphisme pour eux, ils retiendront que je suis graphiste ; et s’ils cherchent quelqu’un pour un spectacle ou une lecture, ils ne penseront pas à moi. S’ils me voient lors d’un conte, ils retiendront que je suis conteuse ; et s’ils cherchent quelqu’un pour illustrer un livre, cela ne leur viendra pas à l’esprit qu’ils puissent faire appel à moi. De même, ceux qui ont vu la conférence de l’ethnologue ne penseront pas à lui pour le prochain concert qu’ils organisent. C’est logique, c’est humain.

À multiplier les activités, nous sommes souvent moins visibles que ceux qui sont spécialisés et/ou ont une communication spécialisée dans un domaine particulier.

Pour solutionner cela, j’ai envisagé plusieurs approches, que ce soit dans la communication générale, où je m’adresse à des gens que je ne rencontre pas forcément (net, cartes de visite, …) ; ou dans la communication en face à face.

Dans la communication générale :

  • solution 1 : tout séparer. Chaque activité a sa carte de visite, son site, sa communication, son adresse mail… Cela demande d’être bien organisé, dans son travail et dans sa communication, pour cibler les clients potentiels de chaque activité. Elle s’adresse principalement à des gens ayant des activités vraiment très différentes, car cela se complique quand un même client est susceptible de faire appel à nous pour plusieurs de nos activités… Il est alors facile de s’emmêler les pinceaux et d’emmêler ceux du client. Cette façon de faire pourrait bien convenir à notre plombier-ethnologue-musicien-chimiste par exemple ; car ses clients ne sont pas les mêmes pour chacune de ses activités.
  • solution 2 : tout regrouper. Une seule carte de visite, un seul site, une seule newsletter, une seule adresse mail… Cette solution s’adresse à ceux qui ont plusieurs activités proches et peu nombreuses. Par exemple, musicien-ne et acteur-trice ; ou maçon, charpentier et plombier ; voire ébéniste, peintre et décorateur-trice d’intérieur. Là encore, il y a risque de perdre les gens s’il y a beaucoup d’activités ou que celles-ci s’adressent à des publics différents.
  • solution 3 : regrouper les activités par thème ou catégorie, ou quelque chose qui rend leur présentation harmonieuse. C’est la solution qui s’adresse à ceux qui ont beaucoup d’activités, des liens pouvant être faits entre certaines d’entre elles, et d’autres pas.

C’est cette 3e solution que j’ai choisie. Ici, vous êtes sur le site concernant toutes mes activités artistiques. Même si elles ne sont pas encore toutes notées… mais nous en reparlerons 😉 J’ai un autre site pour d’autres activités et centres d’intérêt que je développe. Et j’ai fermé d’autres sites encore, qui présentaient mes activités de façon individuelle.

Cela m’aide à mieux me présenter, car je n’ai plus 40 petites casquettes, mais 2 grandes, et je peux donner les cartes de visite et renvoyer vers les sites correspondant plus facilement.

La difficulté dans ce type de communication est que cela reste lisible, ne perde pas l’interlocuteur, et ne mette pas une activité en avant au détriment des autres… Sauf si c’est celle que vous voulez développer en priorité. Mais dans ce cas, il est essentiel de se questionner sur la raison d’être des autres activités, qui risquent de rendre flou votre message.

Cela réduit bien sûr certaines possibilités : par exemple, je ne peux mettre une de mes illustrations sur ma carte de visite, au risque d’être catégorisée uniquement « illustratrice ». Contrairement à ceux qui ont choisi de se spécialiser dans ce domaine.

Dans mon cas, j’aurais pu encore fragmenter la communication, par « client-cible ». Par exemple, faire une communication autour du graphisme et de l’illustration, une autre autour de l’écrit et la lecture, une autre encore autour du spectacle, etc. Mais il y a des ponts entre chaque catégorie que je ne veux pas fermer. Par exemple, je peux déclamer un slam lors d’une exposition, ou mettre en page un de mes écrits, ou encore faire la voix off d’une vidéo dans laquelle se trouvent des illustrations ou graphismes que j’ai faits…

La façon de fragmenter ou regrouper vos activités doit donc être bien réfléchie. Et vous seul-e pouvez trouver celle qui vous correspond, selon ce que vous avez envie de faire.

Dans la communication en face à face, c’est également cela qui prime, selon moi : qu’avez-vous envie de faire avec cet interlocuteur ? Il est intéressant de se poser sincèrement cette question, surtout si, comme moi, vous avez besoin de donner un sens à ce que vous faîtes.

Il y a des gens avec qui j’ai envie de créer, d’autres avec lesquels j’ai envie de collaborer, d’autres encore pour lesquels j’ai envie de travailler, et enfin, d’autres avec qui je n’ai pas spécialement envie de faire quoi que ce soit.
Par exemple, si je rencontre un éditeur dont la ligne éditorial correspond à ce que je fais, et qui a ce petit quelque chose qui me donne envie d’être éditée chez eux, je me présenterai en tant qu’auteure et illustratrice. Si cet éditeur a des valeurs qui me parlent mais dont la ligne éditoriale ne correspond pas à ce que je fais, je me présenterai en tant que graphiste, et peut-être illustratrice. Et s’il ne me plaît pas, je lui dis que je suis danseuse ! 😉 Non, je plaisante ! J’assume plutôt bien de refuser de travailler avec ceux dont je ne partage pas les valeurs. C’est me respecter et respecter l’autre.

J’essaie donc de me présenter à l’autre en tenant compte non seulement de ce que je pourrais lui apporter, mais aussi de ce que j’ai envie de faire avec lui. Et de ne pas le noyer dans le détail de tout ce que je fais d’autre, même si je risque de « louper une opportunité ».

Les préjugés sur certaines disciplines

Ensuite, il y a les préjugés sur certaines activités. J’ai personnellement des difficultés avec certains « thérapeutes », « médiums », « chamanes », qui, en fait, sont des amateurs qui jouent avec des forces qu’ils ne connaissent pas, mettent parfois en danger leurs clients, ou sont complètement à l’ouest. Bien sûr, il y en a aussi de très bons, qui savent ce qu’ils font, qui ont une éthique, une discipline, un mode de vie et un discernement remarquables, ou du moins le font sincèrement et ne se croient pas infaillibles. Mais ce n’est pas toujours évident à voir du premier coup, et les seconds pâtissent des agissements des premiers. Cela fait de ces métiers la proie de préjugés de « charlatanisme », ou de « perchés ». Il peut donc être difficile de présenter cette activité, et la mêler avec d’autres activités plus admises comme étant « sérieuses », peut vous faire perdre de la crédibilité auprès de clients potentiels.

J’ai pris cet exemple car il est assez flagrant, et que je connais plusieurs personnes qui le vivent, dont moi, donc je le connais un peu 😉 Mais cela peut également être vécu par quelqu’un ayant un métier intellectuel et un autre artistique. Ou un métier manuel et un autre intellectuel. Ou un métier manuel et un métier thérapeutique. Ou… n’importe quels métiers qui, dans l’inconscient collectif ou pour certaines catégories de personnes, ne sont pas compatibles.

Plusieurs questions se posent alors :

  • est-il nécessaire de communiquer sur ces deux activités en même temps ? Est-ce que ces deux activités touchent les mêmes personnes ?
  • ai-je envie de cacher une ou plusieurs de mes activités à certains ?
  • qu’est-ce qui me freine dans la communication sur l’une ou plusieurs de mes activités ? S’agit-il de préjugés ? Les miens ? La peur de ceux des autres ?
  • est-ce que je me sens légitime pour chacune de ces activités ? Les mets-je au même niveau ?

Les réponses à ces questions aident généralement à débloquer des choses, ou du moins à mettre en lumière des points à débloquer (peurs, schéma de pensée, préjugés, croyances…).

Personnellement, j’ai choisi de communiquer par catégorie d’activités, tout en faisant parfois référence à mes autres activités. Par exemple, je parle parfois ici de mon blog personnel sur lequel je dis que je suis passeuse d’âme (accompagnement et communication avec les défunts, nettoyage énergétique d’objet et de lieu, etc.), activité que je vais peut-être développer, avec d’autres complémentaires, et qui auront alors un autre site professionnel dédié.

Savoir s’organiser

Une autre difficulté lorsque l’on a plusieurs activités en parallèle est de réussir à s’organiser et à jongler entre nos différentes casquettes. Je trouve cela d’autant plus difficile lorsque toutes ces casquettes sont professionnelles, car il y a un engagement envers le client ou demandeur.

Pour ma part, ce n’est pas ce qui, au final, est le plus difficile pour moi. C’est plutôt une excuse pour ne pas avancer… J’en parlerai un peu plus loin 😉

Je vois plusieurs façons de permettre cette organisation (j’en utilise certaines) :

  • un seul calendrier avec tous les RDV, tâches à effectuer et autres pour toutes les activités. Chaque activité correspond à une couleur : il est donc facile de les différencier visuellement. Pour cela, le bon vieux calendrier papier fait très bien l’affaire, ou une application permettant de créer plusieurs calendriers avec des couleurs différentes, que l’on peut masquer/afficher pour avoir une vue d’ensemble ou plus précise.
  • se donner des temps pour développer chaque activité, pour la formation, la communication, l’administration, et/ou pour travailler dessus. Par exemple à moment donné, j’avais consacré tous mes mercredis au travail sur les contes, tous mes vendredis à celui sur l’illustration, et les autres jours, c’était selon les commandes/envies/besoins/demandes. Je disais donc à mes clients en graphisme que je ne travaillais pas les mercredis et vendredis. Le plus difficile est de s’y tenir et de ne pas se laisser amadouer par le client qui a une demande « urgente ». Cela existe les demandes non-urgentes ? 😉
  • de même, se créer une discipline pour développer les points techniques des activités exigeantes à ce niveau. Par exemple, étirement-danse-yoga au réveil, puis exercices de respiration, de réveil de la voix, suivi d’exercices pour la développer ; puis en début d’après-midi, un dessin rapide pour garder la main ou gratter un peu les cordes de la guitare… Et si, comme moi, nous avons plein d’activités dans ce genre, les étaler sur la semaine pour ne pas passer toutes ses journées à s’entraîner 😉
  • avoir des lieux, voire des groupes différents pour chaque activité. Par exemple un atelier partagé pour l’illustration, un groupe avec lequel partager des moments et conseils autour de la photographie, un autre pour des moments de danse, etc.
  • se faire l’incontournable to-do list de la semaine et/ou de la journée.

Et surtout, se garder des moments de farniente, de détente, de balade, de rencontres, d’imprévus…

Assumer sa différence

C’est le dernier point que j’aborde, mais il est, pour moi, le premier et le plus important. Il est ma raison pour laquelle j’écris cet article.

J’ai beaucoup d’activités différentes, et j’aime tous mes métiers. Je ne multiplie pas les activités pour gagner plus d’argent ou essayer d’avoir une visibilité plus importante. Pour moi, ces multiples activités répondent à un besoin.

Je n’aime pas faire plusieurs fois la même chose. Cela m’ennuie et me frustre. Ceux qui ont le même profil que moi comprendront. Les autres sûrement pas. Mais cela n’est pas grave, il n’est pas nécessaire d’être compris-e pour être accepté-e.

Je fonctionne beaucoup à l’inspiration, aux rencontres, au ressenti. Je sens lorsque c’est le moment de travailler sur un projet ou sur un autre. Cela ne correspond pas toujours, et même pas souvent, à quelque chose de raisonnable ou de logique, mais cela tombe souvent juste pour tous.

Je peux me sentir attirée par un projet, commencer à le mettre en place, et, d’un coup, sentir qu’il me faut arrêter pour me consacrer à un autre projet. Puis reprendre le premier. Ou pas. J’ai ainsi beaucoup de projets en suspens. Avant, je les aurais dit « avortés ». Mais non, peut-être pas. Car parfois, certains ressurgissent et je les reprends où je les avais arrêtés, avec de nouvelles inspirations, avec une nouvelle expérience. Ou ils se transforment pour mieux correspondre à ce que je souhaite partager.

Ma difficulté en temps qu’artiste, est que je suis incapable de dire ce que je ferai dans un an, ni même dans quelques mois… parfois même dans quelques jours.

Cela se traduit par une impossibilité à faire de dossier pour « vendre » mes spectacles à des salles un, voire deux ans à l’avance. Et j’ai beaucoup de difficultés à les planifier, à les programmer. Je ne veux pas m’engager sur une promesse que je ne suis pas sûre de tenir… Mais les promesses sont aussi des motivations à faire ! Donc parfois, je le fais quand même, mais toujours avec l’appréhension que je ne serai pas « dans cette énergie-là » au moment de le présenter. Mon grand frein est une peur de ne pas réussir à partager ce que j’ai promis au moment M. Même si ça ne m’est jamais arrivé… Car je mets toujours dans mes spectacles une part d’improvisation qui me permet de m’adapter au lieu, aux interlocuteurs, et à ce que j’ai envie de partager à ce moment, en me remettant dans « l’énergie » du spectacle. Ou, les rares fois où j’ai programmé un spectacle un an à l’avance, je n’ai défini à ce moment que son nom et son thème, et ne l’ai créé que peu de temps avant de le présenter… 😉 Mais il est assez rare de pouvoir faire cela : il est généralement demandé de fournir des photos et extraits du spectacle lors de sa programmation…

Une autre peur qui me tenaille, est la peur de choisir. Car, qui me dit qu’à cette date, il ne serait pas mieux que je fasse autre chose, sois autre part, rencontre d’autres personnes… ?

Mes solutions :

  • bien écouter ce qui résonne en moi lorsque je prends la décision de programmer un spectacle, une lecture, une exposition, etc., ou en me lançant dans un nouveau projet. En me demandant ce qui me motive, en démêlant les peurs irrationnelles des questionnements prudents. Et si ma motivation me paraît juste, avoir confiance que cela se passera « comme cela doit se passer ». Et qu’il n’y aura pas meilleur endroit où être à ce moment ! Sauf si la vie fait que cela soit annulé, décalé, reporté, pour une raison ou une autre. Pour prendre ma décision, je m’aide généralement de méditations et de tirages de cartes pour voir les forces en présence et prendre ma décision en connaissance de cause (je ne fais pas de divination, ni ne demande ce que je dois faire : la décision finale m’appartient toujours). Cela m’aide généralement à voir plus précisément ce que je ressens de manière plus ou moins enfouie mais refuse de regarder. Comme, par exemple, que cela ne me correspond pas mais me permettrait une rentrée d’argent non négligeable ; ou que je n’ai pas envie de le faire, mais peur de ce qu’on pensera de moi si je refuse ; ou que cela me permettra de partager mes valeurs à un public à qui cela pourrait profiter ; ou… Bref, vous avez compris le principe ! Et c’est à moi de voir ce que je choisis en ayant vu cela.
  • prendre les choses dans l’ordre dans lesquelles elles arrivent et ne pas revenir sur un engagement pris. Sauf cas de force majeure, et dans ce cas, j’en parle à l’interlocuteur. Jusqu’à présent, et depuis 13 ans maintenant, cela a toujours été fluide (alors, pourquoi en aurai-je peur ?).
  • me laisser une part d’improvisation dans les spectacles. Par exemple, pour les contes, je connais la structure, l’enchaînement, les moments importants, et je raconte l’histoire autour de cela. Les mots ne sont pas toujours les mêmes. J’insiste parfois plus sur un moment, parfois plus sur un autre. Parfois, même, je ne raconte pas toujours les choses dans le même ordre. Je me laisse inspirée par le moment, par les réactions des spectateurs, par l’ambiance du lieu. Je suis d’ailleurs en plein questionnement sur la possibilité de proposer des spectacles basés entièrement sur l’improvisation, avec simplement un thème…
  • constamment me perfectionner techniquement dans chacun de mes domaines d’activité, pour être capable de donner le meilleur de moi, même si je suis en petite forme… ou avoir les outils pour laisser libre cours à l’inspiration en cas d’improvisation.

Une autre problématique que je rencontre en tant qu’artiste, est d’assumer que je n’aime pas refaire plusieurs fois la même chose.

Je ne suis pas de ces artistes qui sont capables de refaire encore et encore le même spectacle pendant des années. En tant que spectatrice, je trouve cela super car j’ai plus de chance de voir le-dit spectacle. En tant qu’artiste, je n’y parviens pas, même avec des parts d’improvisation. Je change trop vite. Ce que je partage et la façon dont je le partage aujourd’hui n’aura plus de sens pour moi dans peu de temps.

Et c’est également vrai pour une discipline complète. Par exemple, il y a des périodes où je n’ai pas d’appel pour le dessin, ou pour la danse, ou pour le conte, etc. Parfois, même, je pense que je n’en referai plus, ou du moins pas sous cette forme. C’est le cas du conte que je ne souhaite actuellement plus présenter de cette façon. Je m’appuierai toujours sur les archétypes du conte, voire sur les contes eux-même, mais je n’ai plus envie de raconter les histoires comme avant. Même si j’aimais beaucoup et avais de très bons retours… Quelque chose en moi a changé qui fait que cela ne me correspond plus. Idem pour la gravure. Je m’y suis essayé, j’ai beaucoup aimé, j’en ai fait… et ne m’y sens plus appelée. Je me suis même défaite de mon matériel de gravure.

Là encore, en tant que professionnelle, c’est une posture assez délicate à tenir. Car ceux qui m’ont connu conteuse il y a deux ans sont surpris d’apprendre qu’actuellement, je n’en fais plus. Est-ce une lubie ? Le fait de passer d’une discipline à l’autre peut être perçu comme une marque d’instabilité, et certains peuvent se dire que nous ne sommes pas fiables, car imprévisibles.

Cela complique également la façon de me présenter, car je ne suis pas sûre que lorsque mon interlocuteur me contactera, j’aurai toujours cette activité !

Mes solutions vécues, ou envisagées :

  • m’autoriser à changer de discipline, à en laisser de côté, à en développer d’autres… à jongler !
  • me laisser inspirer par les rencontres et les demandes. Par exemple, même si je n’ai pas d’appel pour le dessin pendant une période, cela peut se réveiller suite à la rencontre de quelqu’un qui a cette demande.
  • m’autoriser à arrêter de jouer un spectacle lorsque j’ai la sensation d’en avoir fait le tour, tout en me laissant, encore une fois, la possibilité de voir l’envie de le partager se réveiller suite à une rencontre.
  • accepter de faire des choses plus éphémères, et trouver des façons de diffuser mon art malgré tout. Par des enregistrements audio et/ou vidéo. Par des reproductions sous forme de carte postale de mes illustrations. Et par d’autres moyens que je ne connais pas encore. Là encore, j’ai des blocages à dépasser… Mais ça va venir !

ET, toujours, travailler sur ces peurs, liées au regard de l’autre, à l’estime de soi, à la confiance en la vie, à la confiance en les autres… Oser secouer les préjugés. Rester soi-même, sans essayer de rentrer dans une case ou une définition… Avec pour maîtres mots : Amour (de ce que l’on fait, de ce que l’on offre, de ce que l’on partage, et de ceux avec qui on le partage) et Liberté (d’être, de faire, d’oser, de vivre, d’aimer).

Car le but, c’est bien de vivre libre, dans la joie de ce que l’on fait, en ressentant et partageant l’amour !

Conclusion

Pour résumer, je pense que l’essentiel est d’être bien conscient de nos motivations. Nos motivations à avoir plusieurs activités, nos motivations à avoir ces activités là, nos motivations à vouloir en faire des professions, nos motivations derrière notre communication, etc. Car c’est cela qui déterminera ce que nous ferons et comment nous le ferons.

Le second point tout aussi essentiel, est d’être fidèle à soi-même et à nos valeurs. Que cela soit dans les activités choisies, dans notre façon de les développer, dans notre façon de communiquer, et dans le fait d’oser être soi-même.

Pour moi, il y a deux façons de faire :

  • faire ce qui se vend, faire « comme il faut ». Nous sommes alors dans le lot, et devons nous battre pour trouver des clients, faire face à la concurrence, etc.
  • faire ce qui nous correspond, à notre façon. Nous entrons alors dans une autre catégorie, où chacun a sa place, et où nous avons ce qu’il nous faut. Ni plus, ni moins.

C’est dans cette seconde catégorie que je vous invite à entrer. Si vous faîtes ce que vous aimez et que vous le faîtes à votre façon, vous trouverez les gens avec lesquels collaborer. Ou plutôt, c’est eux qui vous trouveront. Ou plutôt, la vie fera que vous vous trouverez.

Car en étant nous-mêmes, nous attirons ceux qui cherchent ce que nous seul pouvons leur apporter.

Dans notre société, il peut être difficile d’avoir confiance en cela. Mais… ça marche ! Et dans tous les domaines… 😉