Troc, échange, prix libre, prix conscient, tarif fixe, don…

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de différentes possibilités d’échanges, qu’ils soient monétaires ou non.

Dès lors que nous proposons un service ou une création, quels qu’ils soient, la question de la valeur de ce que l’on offre se pose. Et je connais très peu de gens vraiment à l’aise avec cela. Pour la plupart, nous tâtonnons, testons, rencontrons toutes sortes de limites, échecs et réussites.

Pour ma part, je fonctionne avec TOUS ces moyens d’échange. Voici comment je les conçois, et comment je les utilise… à ce jour, car comme tout, cela peut évoluer!

Troc, échange

Pour que le troc ou l’échange soit bien vécu par les deux parties, il faut que nous soyons d’accord sur la valeur de ce que nous proposons à l’échange et de ce que l’autre propose à l’échange.

Valeur basée sur la valeur monétaire « admise »

La valeur des produits ou services échangés peut être basée sur la valeur monétaire « admise » dans notre société et le lieu où nous vivons. C’est une base utilisée par beaucoup de gens faisant du troc, car c’est assez objectif et nous sommes sûrs de partir de la même chose.

Mais cela a aussi ses limites : je me souviens par exemple de deux amies qui avaient échangé des cèpes contre des pommes de terre.

  • La première est allée ramasser des cèpes dans les bois pendant une journée. Pour cela, elle s’est basée sur des connaissances et expérience qu’elle avait acquises sur les champignons, et sur les repérages qu’elle avait faits pour trouver les « bons coins à cèpes ». Dans le cadre de son activité professionnelle, elle était susceptible de les faire sécher et de les vendre.
  • La seconde a acheté des bulbes de pomme de terre, a travaillé la terre, a planté les bulbes, a arrosé régulièrement, puis a récolté les pommes de terre. Pour cela, elle s’est basée sur des connaissances et expérience qu’elle avait acquise sur la culture de pommes de terre, et sur ses relations qui lui avait permis d’avoir à prêter un coin de terrain pour cultiver ses légumes. Dans le cadre de son activité professionnelle, elle ne pouvait en vendre, mais elle en utilisait pour cuisiner dans le café associatif pour lequel elle travaille, avec lequel elle troquait donc ces légumes.

Pour procéder au troc, elles se sont basées sur la valeur monétaire de chacun de ces « produits ». La cèpe vaut beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher que les pommes de terre. Cette valeur est notamment basée sur sa rareté. Et l’amie ayant troqué ses pommes de terre s’est sentie lésée.

Et je suis assez d’accord avec elle : dans notre culture, la valeur monétaire des fruits et légumes cultivés est pour la plupart extrêmement faible au vu du travail et de l’investissement personnel que cela demande. Mais effectivement, les pommes de terre sont moins rares que les cèpes, et même que d’autres légumes cultivés qui ont des besoins plus spécifiques et moins adaptés à notre région. Par contre, cette région est aussi bien adaptée aux cèpes.

Je ne sais pas comment elles auraient pu trouver un autre accord, étant donné que celle qui troquait les cèpes avait la possibilité de récolter de l’argent avec ses champignons. Argent qui lui aurait permis d’acheter une très grande quantité de pomme de terre de bonne qualité. Pour elle, avoir moins de pommes de terre dans le cadre d’un troc n’était pas intéressant. Dans ce cas, cela aurait été elle qui se serait sentie lésée.

Une solution possible est d’accepter de revoir la valeur des choses. Et d’accepter de l’acheter à une valeur plus proche de ce qu’on estime juste, même si, dans notre société, on aurait payé moins cher. Cela demande un gros travail sur l’ego, sur l’orgueil, sur une certaine perte de confort, peut-être même une perte de repères, de sécurité… bref sur tout ce qui peut se lever dans ce genre de situation. C’est très intéressant à vivre !

Cela demande aussi de s’intéresser véritablement à ce que l’on achète, comment l’autre est parvenu à pouvoir le proposer, ce que cela lui a « coûté », etc.

Dans cette part de valeur, je propose aussi de se demander combien cela a coûté ou coûtera à la Nature.

Une petite digression sur le plastique

Eh oui, pour moi, le plastique ne devrait pas être « pas cher », car il coûte énormément à la nature. Et le prix devrait répercuter ce coût, pour que cela fasse vraiment réfléchir avant de l’acheter, surtout dans le cas du neuf.

Pour ce qui est de la réutilisation, c’est encore autre chose, je pense qu’il vaut mieux réutiliser, recycler, upcycler (et autres termes que les gens à la mode ne manqueront pas d’inventer) que de jeter. Mais là encore, attention au piège : car si nous achetons facilement des objets en plastique que nous recyclons, nous encourageons d’une certaine façon d’autres à en acheter du neuf, et d’autres encore à en fabriquer. Si je continue la logique de cette réflexion, la conclusion serait : le plastique déjà utilisé, cela ne se vend pas, cela ne se troque pas, cela ne se jette pas, cela se donne !

Pour continuer cette petite digression sur le plastique, je vais encore ajouter un autre bémol. Pour moi, le plastique n’est pas « mal ». Pour certaines utilisations, c’est plutôt une belle invention. Notamment pour les cables électriques. Mais pour bien d’autres, c’est une absurdité. Notamment pour les tuyaux contenant de l’eau ou autres éléments nourrissants, pour nous ou pour les autres êtres de la nature. Car dans ce second cas, les particules de plastiques polluent tout, et tuent à grande échelle (même si, dans notre société anthropo-économico-centrée c’est assez peu dit). Et je ne parle même pas des objets de décoration ou de divertissement en plastique : je pense que vous devinerez aisément mon point de vue à ce sujet.

Je suis également consciente que mon discours peut sembler paradoxal : la plupart de mes illustrations contiennent de la peinture acrylique, donc plastique. Eh oui… C’est une technique que j’ai acquise avant de prendre conscience de la destruction que cela pouvait engendrer. J’utilise encore ces produits, car j’en ai encore, les ayant acheté à l’époque en grande quantité et en utilisant assez peu. Je fais également attention à en jeter le moins possible (j’en mets peu sur mes palettes et les jette dans la poubelle « tout venant » une fois sèche). Et, en parallèle, j’essaie de développer d’autres techniques, plus saines, plus naturelles et moins polluantes pour continuer à peindre ! C’est un chemin…

Et là, je ne parle que du plastique, mais cela s’applique à plein de choses que nous utilisons sans même y penser. Revoir notre système de valeur est, pour moi, fondamental. Pour remettre « à l’endroit » nos façons de vivre. Que la vie, le respect du vivant, soit au cœur de notre vie sur cette Terre, dans cette nature dont nous faisons partie, qui nous accueille. Que la spiritualité, la vie de l’esprit, soit au cœur de nos relations, de nos pensées et de nos actes. Bien sûr, cela ne se fera pas en une fois, facile, les doigts dans le nez. Ni même sur deux-trois ans. C’est un début, et nous n’arriverons peut-être pas au but ultime avant notre mort. Car nous vivons dans une société qui s’est bien enfoncée dans le « n’importe quoi » et qu’il nous faudra beaucoup de créativité et de bonnes idées pour créer des alternatives. Mais il faut bien que quelqu’un commence ! D’autres continuerons, et peut-être que nous aussi, lorsque nous nous réincarnerons… 😉

Valeur basée sur le coût réel

Là encore, c’est assez difficile à mesurer. Cela demande de bien connaître son produit et tout ce que nous avons fait avant pour parvenir à le créer ou être en mesure de l’offrir.

Cela n’a rien à voir avec les autres. Ce n’est pas parce que plein de gens savent le faire que cela a moins de valeur. Ce n’est pas parce que peu de gens savent le faire que cela en a plus. Car PERSONNE ne peut le faire comme vous. Toute création est unique. Même le fait de ramasser des champignons. Parce que VOUS êtes allés à cet endroit, à ce moment, que vous avez choisi ce champignon qui a sa propre histoire, différente de celle du champignon d’à côté, en étant dans l’état d’esprit dans lequel vous étiez à ce moment-là, avec ces pensées-là, cette énergie-là. Et qu’en face, vous le troquez avec ELLE ou LUI, qui est également unique et propose quelque chose d’unique. Ce troc et ce que vous troquez est unique. TOUT est unique. Lorsque l’on comprend cela, on se rend compte que cela ne sert à rien de perdre son temps à comparer. Ni même à essayer de trouver une valeur fixe.

Nous pouvons définir une valeur fixe pour l’aspect général, avec les coûts fixes, notamment monétaires, et les recherches et expériences passées qui ont permis de proposer ce produit ce jour-là. Auquel on ajoute les temps de recherches et expériences lors de la création de ce produit. Auquel on ajoute le temps passé. Auquel on ajoute les efforts que l’on a fait pour y mettre une belle énergie. Auquel on soustraie les efforts non-faits qui y ont mis une mauvaise énergie (que l’on corrige au mieux…). Auquel on soustraie tout ce que cela nous a apporté d’avoir fait ces erreurs et ces recherches, car cela nous a fait évoluer dans notre individualité et notre pratique. Tout cela avec le plus de détachement possible, le plus d’humilité, le moins d’orgueil et de dénigrement.

Après cela, nous avons notre coût réel. Ce n’est pas un chiffre, ce n’est pas une comparaison, cela s’approche plus d’un ressenti, comme une boule d’énergie, quelque chose de tangible mais immatériel.

Puis, il s’agit de voir le coût réel de ce que l’autre offre. Qu’il suive le même processus pour déterminer la valeur de ce qu’il offre. Puis, à cette valeur, nous pouvons ajouter ce que cela nous apporterait. Pas l’attente de ce que cela nous apporterait, mais ce que cela nous apporte réellement. Surtout si nous voyons que l’autre ne vois pas le bien que cela nous apporterait. Nous pouvons aussi éventuellement ajouter un don, un encouragement pour l’autre, parfois même sans le lui dire, sans attente.

Puis, une fois que ces deux valeurs sont définies, pesées, il n’y a plus qu’à les comparer. Là encore, ce ne sont pas des chiffres, mais plus des ressentis. Ce sont les cœurs qui pèsent ces valeurs, pas l’intellect. Et s’il y a un déséquilibre, voir comment les ajuster.

Ce processus peut paraître long et complexe. Cela peut également paraître difficile à mettre en place, car nous pouvons avoir peur que l’autre ne soit pas ouvert à cela. Peut-être. Mais cela ne coûte rien d’essayer. Si l’autre n’y est pas ouvert, tant pis. Vous lui aurez ouvert une porte, montrez une autre façon de faire, qui peut-être fera son chemin en lui, ou pas. Et d’autres façons d’échanger sont également possibles !

Avec certains, aussi, ce n’est pas nécessaire d’expliquer tout cela. Car en parlant avec eux, nous pouvons voir qu’ils connaissent vraiment la valeur de ce qu’ils offrent. Ce processus, ils l’ont déjà fait, et la façon dont ils ont procédé n’est pas l’important. Dans ce cas, il n’y a qu’à vous de voir la valeur de ce que vous offrez, et de proposer ce qui vous paraît équilibré.

Le prix libre et/ou conscient

Le principe du prix libre est que l’autre donne exactement ce qu’il veut en échange de ce que vous proposez. C’est le principe du « chapeau » pour les artistes, utilisé notamment dans les domaines du spectacle et de la musique.

Le prix conscient est une extension du prix libre, suite à ses dérives : hélas, beaucoup de gens se disent « Je mets ce que je veux ? Alors je ne mets rien ou le moins possible ». Ce n’est pas dans cette idée qu’a été créé le prix libre, et c’est pour cela que l’on dit parfois « prix conscient ». Pour mettre l’accent sur la conscience de ce que l’on donne.

Il s’agit donc de donner quelque chose d’une valeur proche de ce que l’on reçoit. En conscience. Nous le « calculons » selon plusieurs critères, qui nous sont propres. Il y a notamment la valeur et le coût que l’on perçoit du produit (cf. paragraphe précédent). Il y a aussi ce que nous sommes en capacité de donner, que cela soit monétaire ou non. Car ce prix libre et/ou conscient n’est pas forcément de l’argent. Cela peut être autre chose, et se rapprocher alors d’un troc, même si dans ce cas, il n’y a pas eu d’accord préalable. Bien sûr, dans ce dernier cas, il est important de respecter la liberté de l’autre. Par exemple, je n’ai pas envie qu’on me paye en « m’imposant » une séance de massage, car cela me demande de trouver un créneau pour y aller etc. Par contre, je pourrais l’accepter dans le cadre d’un troc en bonne et due forme, avec accord explicite des deux parties. Autre exemple : une femme m’a offert une superbe pierre de protection pour l’avoir aidée à communiquer avec un défunt (enfin, j’ai plutôt aidé le défunt à communiquer avec elle), dans le cadre de mon activité de Passeuse d’Âme (cf. mon blog personnel). Et c’était juste parfait.

En général, le prix libre fonctionne plutôt sur du long terme ou sur un public large, car il s’appuie sur la force du groupe. Selon ce principe, les dons des uns et des autres sont censés s’équilibrer. Ceux qui ne peuvent donner beaucoup d’argent donnent ce qu’ils peuvent, et ceux qui peuvent en donner beaucoup en donnent plus. Car le but est collectif : que, au final, la personne qui propose le produit ou le service ne soit pas lésée.

[edit du 23/09/23]
Pour ma part, j'essaie de le pratiquer le plus souvent possible, lorsque les circonstances le permettent. Je le mets même en place sur le net ! J'ai écris un article sur le sujet ici.
[fin édit]

Un autre « garde-fou » pouvant être proposé en complément de ce principe, est de mettre un prix minimum. Par exemple, pour une carte postale, cela peut donner « Prix libre à partir de 3€ ». Je définie le prix minimal un peu en dessous de la valeur que j’estime juste, pour permettre à ceux qui ont peu de revenus de pouvoir l’acheter. Et, je mets l’aspect « libre », pour que les autres puissent choisir de mettre plus et, ainsi, que la moyenne corresponde à un prix juste.
C’est principalement utilisé lorsque nous sommes face à un public pas ou peu habitué à ce genre de pratique.

Le tarif fixe

Enfin, il y a le tarif fixe. C’est le tarif « de la société ».

Il est calculé selon le même principe que le « coût réel » mais il est comparé à « ce qui se fait », et réévalué pour se situer dans la fourchette de prix correspondant à ce que nous proposons, selon notre expérience, notre expertise, notre clientèle, etc.

C’est le mode de fonctionnement que j’utilise principalement pour le graphisme, ou avec les clients que je ne connais pas, ou ceux avec qui le troc ou l’échange n’est pas possible ou souhaité. C’est parfois simplement parce qu’ils proposent des choses super mais dont je n’en ai pas besoin, ou qu’il y a déséquilibre dans la valeur, dans un sens ou dans l’autre, ou qu’ils n’ont rien à échanger (je pense notamment aux salles de spectacles). C’est aussi le cas avec les institutions, ou les structures qui ont besoin d’un tarif fixe pour les intégrer à leur budget, voire demander des subventions.

J’utilise également ce mode de paiement quand j’ai tout simplement besoin d’une rentrée d’argent. Pour plus d’infos sur les tarifs que je pratique alors, c’est dans cet article !

Une petite digression sur l’argent physique et l’argent virtuel

Depuis plusieurs années, les autorités cherchent à supprimer l’argent physique. Cela a commencé avec les cartes de paiement, puis en supprimant les « petites pièces », puis avec les services de paiement sur le net, puis les services de paiement sur smartphone, la création des monnaies virtuelles etc.

Tout cela mène à la même chose : que l’argent physique disparaisse et que tout soit virtuel. Sur des plateformes en ligne, d’une banque ou d’une cagnotte virtuelle. Avec le risque que tout disparaisse. Avec la possibilité pour ceux qui en tiennent les rennes de vérifier, analyser, collecter, tous les mouvements, les relations, les entrées et sorties, pourquoi, pour qui, où, comment… et d’éventuellement modifier cela à leur guise.

La monnaie virtuelle est un moyen de contrôle.

Sans compter l’aspect insécurisant de ne plus avoir d’argent physique, avec cette menace de « disparition spontanée ». Sans compter l’aspect irréel de cet argent virtuel, n’ayant plus de repères, juste des chiffres, qui peut déboucher à une déconnexion totale avec la réalité des choses, comme nous pouvons le voir chez les traders et joueurs en bourse.

La disparition de la monnaie physique fera en sorte que nous ne pourrons plus donner quelques pièces à une personne en difficulté dans la rue. Nous ne pourrons plus donner quelques pièces à un enfant pour qu’il s’achète des bonbons ou une viennoiserie. Nous ne pourrons plus donner un pourboire à un/e serveur/se. Nous ne pourrons plus donner d’argent dans le chapeau d’un artiste. Nous ne pourrons que le faire via un smartphone (ou une puce intégrée, comme dans les livres de science-fiction vers lesquels nous avançons à grand pas), à un autre smartphone (ou puce)… si le SDF, l’enfant, le/la serveur/se, l’artiste en a un, bien sûr.

Quant à moi, je sais que je n’aurais plus ce genre de revenu et ne pourrais plus donner d’argent. Car je n’ai pas de smartphone et n’en veux pas. Et je ne veux pas d’une puce. Je ne veux pas être tracée, contrôlée. Où je suis, avec qui je suis, ce que j’achète, ce que je donne, cela ne regarde personne d’autre que moi et les intéressés. Je partage ces informations avec ceux que je choisis, si cela les intéresse et qu’ils ne cherchent pas à s’en servir à des fins de manipulation (marketing ou autre). Bien sûr, j’utilise parfois encore une carte bancaire, notamment lors de mes achats sur le net. Et je me suis battue pour pouvoir continuer à le faire sans smartphone, malgré la mode de la « double-authentification » par smartphone. Mais dès que je le peux, j’essaie de payer en espèces, après avoir retiré de l’argent à la banque, car on me paie souvent par virement. C’est ma façon de combattre, de retarder cette disparition. Bien sûr, si je suis seule, cela ne changera rien. Si nous sommes plusieurs, cela ne changera pas grand-chose. Si nous sommes la majorité, cela changera peut-être. Si nous sommes l’écrasante majorité, cela changera sûrement. Mais quel que soit le choix des autres, je le ferai tant que l’argent physique existera, même si je suis une des dernières.

L’argent physique implique également de se voir, pour pouvoir se le donner. Car l’envoyer par La Poste n’est pas sûr (et est même interdit). Donc, soit on se voit, soit on opte pour le virtuel. Dans le cas où il n’est pas possible de se voir, où l’acheteur habite loin du vendeur, bien sûr, le virtuel est une bonne solution. Je ne suis pas non plus « contre » ce mode de paiement. Mais je ne veux pas qu’il n’y ait plus que ça. Je veux continuer à avoir le choix. Pour moi, les solutions uniques ne sont jamais de bonnes solutions. Dès lors qu’il n’existe plus qu’une seule façon de faire, elle devient néfaste d’une manière ou d’une autre. Les situations sont multiples, les façons d’agir doivent l’être également.

Le don

Et oui, car le don existe aussi ! Et comme pour tous les types d’échanges précédents, il est important de bien être en accord avec cela.

Le don peut être vécu comme une immense joie, un peu espiègle, enfantine, douce et sereine. Cela peut être vécu comme un soulagement, un rééquilibrage. Ou cela peut être vécu comme une immense frustration. Cela dépend de nos motivations.

Quelques questions à se poser sur nos motivations à donner :

  • Est-ce un manque de confiance en moi et en ce que j’offre ? Est-ce que je me sentirais légitime à le vendre ou à recevoir quelque chose en retour ?
  • Est-ce que je me sens coupable par rapport à cette personne ? Ai-je quelque chose à me faire pardonner ?
  • Est-ce que je me sens redevable de quelque chose ? Peut-être d’un don que l’on m’a fait ? Et dans ce cas, est-ce moi qui me sens redevable, ou l’autre qui me dit ou me fait comprendre que je le suis ?
  • Ai-je peur de cette personne ? De sa réaction si je refuse ou demande quelque chose en échange ? Représente-t-elle une autorité ?
  • Est-ce que j’attends quelque chose en retour de mon don ? Une publicité, une reconnaissance, un amour ? Ou simplement que l’autre me laisse tranquille ?
  • Est-ce que je veux donner à une personne en particulier ? Si oui, pourquoi ?
  • Est-ce que je veux donner de façon plus générale ? Si oui, pourquoi ?
  • Est-ce que je veux me débarrasser de quelque chose, mais pas le jeter ni le vendre ?
  • Suis-je capable de donner sans attente de recevoir en retour, voire, sans même que l’autre sache que cela vient de moi ?
  • En m’imaginant faire ce don, qu’est-ce que je ressens ?
  • Qu’ai-je envie de donner ? Pourquoi ?
  • Qu’est-ce que je ne veux pas donner sans recevoir quelque chose en échange ? Pourquoi ?
  • Qu’est-ce que je ne veux pas donner, quoiqu’on me propose en échange ? Pourquoi ?

Mais en fait… De quoi ai-je besoin ?

Car la première question à se poser avant de procéder à un échange est bien celle-ci.

C’est la réponse à cette question qui va m’orienter vers tel ou tel type d’échange :

  • ai-je besoin d’argent (pour acheter quelque chose, payer mon loyer, ma nourriture, etc.) ?
  • ai-je besoin de ce que l’autre me propose en échange ? L’autre a-t-il les capacités d’échanger quelque chose dont j’aurai besoin ? Ou très envie ? 😉
  • ai-je besoin de recevoir quelque chose en retour ?
  • suis-je prête à donner (ou échanger, ou vendre), ce que l’autre me demande ?

Lorsque je refuse un troc ou un échange de produit ou de service, cela ne veut pas dire que je trouve que ce que l’autre offre n’a pas de valeur. Cela signifie parfois simplement que j’estime ne pas en avoir besoin.

Par exemple, je repense à une société de prêt-à-porter éco-responsable, utilisant du tissus recyclé pour créer de beaux habits, par des couturières travaillant dans un espace lumineux et agréable en France. Ils avaient peu de moyens et m’ont demandé un devis pour des graphismes à imprimer sur leurs tee-shirt. Vu leur cahier des charges, je savais que mon tarif serait trop élevé pour eux. J’ai pensé proposer un troc avec des vêtements, du moins pour une partie de la valeur. Et puis… Bon, il faut avouer que la mode et moi, ça fait deux ou plus. Je m’habille plutôt dans les friperies, magasins de troc, échanges avec des copines ou dans des festivals, habits que je mets depuis près de 20 ans pour certains, et quelques habits bio que j’achète en boutique quand je trouve quelque chose qui me correspond vraiment. Les habits que crée cette entreprise sont très beaux, qualitatifs… mais il me fallait avouer que je ne les aurais jamais mis, ou très peu, car ce n’est tout simplement pas mon style de « tous les jours », et que je n’ai pas beaucoup d’occasion de mettre ce genre de vêtements. Alors, je ne l’ai pas proposé. J’ai fait un devis avec un tarif préférentiel, avec un partage des risques de part une partie en faible pourcentage sur les ventes, car je trouvais leur démarche intéressante et me disais qu’elle méritait d’être encouragée. Mais je n’ai pas non plus massacré les prix, ni fait de don, car je préfère donner pour des causes qui me parlent plus, et que, eh bien, j’ai aussi besoin d’argent pour vivre dans cette société.

Conclusion

Si vous aussi, vous avez envie de revoir votre rapport à l’argent et à la valeur des choses, voici un petit résumé et quelques pistes.

1 – Apprendre à voir la vraie valeur des choses

Par nos questionnements, nos recherches, nos expériences, nous faire notre propre idée de la valeur des choses. En voyant ce qu’elles nous apportent, ce qu’elles symbolisent, en quoi elles nous aident à vivre, à avancer, à évoluer.

Et mettre ces nouvelles valeurs en œuvre, dès que c’est possible. En payant un prix qui nous semble juste lorsque nous sommes face à un « prix libre ». En apprenant à donner et à recevoir des dons. En apprenant à se sentir légitime de demander une certaine somme ou valeur en échange de ce que l’on propose. En arrêtant de nous baser sur les valeurs « admises », créées par la société et les spéculations boursières, incohérentes avec le vivant, que ce soit pour vendre, pour échanger, pour donner ou pour acheter.

2 – Être d’accord sur la valeur de ce que les deux parties proposent

Il est essentiel que dans tout échange, qu’il soit monétaire ou non, les deux parties (ou plus) soient d’accord sur la valeur de ce que chacun échange, offre, propose. Sinon, il y aura toujours de la frustration d’une part ou d’une autre.

Et pour cela, il faut connaître la valeur de ce que l’autre propose, et de ce que nous, nous proposons !

Cela demande de :

  • bien connaître la valeur réelle (et non seulement monétaire) de ce que nous proposons, et savoir la communiquer à l’autre
  • bien comprendre la valeur réelle (et non seulement monétaire) de ce que l’autre propose – même si dans le cadre du prix libre, c’est « on verra » et dans le cadre d’un don c’est « rien ».
  • être sûr que nous sommes en accord avec ce deal, et que nos motivations sont justes et raisonnables
  • bien communiquer pour être sûr que l’autre trouve aussi le deal équilibré – même dans le cadre d’un prix libre, qui peut mettre l’autre mal à l’aise, ou d’un don, qui peut lui donner l’impression de nous être redevable.

3 – Définir ce dont nous avons besoin

Écouter nos envies, nos besoins, nos ressentis et nos motivations est essentiel pour que tout échange ou don se passe dans la joie et non dans la frustration.

Cela demande de faire des expériences, de tester, d’être frustré, de sentir que l’autre est frustré, de se tromper, de mal se comprendre… jusqu’à ce qu’on arrive à trouver un équilibre, quelque chose qui nous correspond.

4 – À nous de jouer !

Nous ne sommes pas parfaits. Nous ne sommes pas des saints ni des maîtres yogi. Nous vivons dans une société où l’argent est une valeur reine. Nous ne pourrons pas changer cela en un claquement de doigt. Mais nous pouvons avancer, petit à petit, par nos questionnements, nos actes, nos expériences, pour arriver à un échange de valeurs. Et que l’argent soit remis à sa place : le symbole d’un « produit neutre » d’une certaine valeur, à échanger contre un autre produit matériel ou immatériel, portant une valeur équivalente.

Let’s go ! 😉

Image de Une : © Michaela – Pixabay.com