En mars 2020, comme tous les ans à cette période, avait lieu le Printemps des Poètes. Le thème de cette année-là était : le Courage.
C’est un thème que j’aime, qui me parle, dont je parle beaucoup dans mes textes, contes, slams, poèmes, danses, illustrations, créations.
Cette année-là, les autorités ont décidé un confinement et une annulation de tous évènements publiques, de toute vie sociale et culturelle, à part par écrans interposés. Le Printemps des Poètes a été annulé. Annulé ? Une ode au courage, annulée ? Ce n’était pas possible pour moi !
Je me suis donc mise au défi d’écrire un slam par jour pendant la durée prévue du Printemps des Poètes, sur le thème du courage. Parmi eux, il y a un slam sur l’adolescence, que j’ai écrit en repensant à ce que je vivais lors de ma propre adolescence, et à ce que j’en comprends aujourd’hui. Je voulais offrir une trêve, offrir un encouragement, offrir un « tu n’es pas seul » à tous les adolescents de notre société qui a perdu les rites et enseignements qui permettent un passage naturel de l’enfance à l’adultat. Offrir une ouverture, une écoute lors de cette perte de repères qui caractérise en partie ce passage. D’autant plus alors que nous vivions une transformation de notre société, un appel à la peur panique de la part des médias, un contrôle accru des autorités… une restriction drastique des libertés. Mais même avant cela, nos cultures ont oublié comment accompagner l’enfant, comment l’aider à grandir et à devenir lui-même, comment l’aider à trouver ses valeurs, ses repères, sa force. Alors, j’ai décidé d’en parler, à ma manière. Je n’ai pas de baguette magique pour rétablir les choses. Je n’ai pas de solution magique non plus. Je passe simplement un message, car, ne l’oubliez pas, je suis juste une passeuse, de mots, de messages, de courage, d’âme…
Texte
Adolescence Adolescence Lorsque tu quittes l’enfance Pour aller vers l’adultat Sans savoir où poser tes pas À la recherche d’un modèle Tout en étant rebelle D’un groupe auquel appartenir Qui puisse te définir De gens qui te comprennent Partageant tes joies et tes peines Car ils vivent les mêmes Enfin… Au fond de toi-même Tu te sens si seul Incompris, en deuil De tu ne sais quoi Un sentiment, un état Peut-être ce qu’on nomme l’innocence Comme une angélique présence Adolescence Période où tu balances Entre l’utile Et le futile Entre le doute Et la conviction Cherchant ta route Une direction Un sens à la vie Un sens à l’oubli Passant de la sécurité À un futur à créer Te sentant esseulé Sans armes pour avancer Adolescence Là où tout commence Car tu es le vrai chevalier Dont parlent les contes de fée Et la princesse à libérer Est ta propre beauté Reflet de ton unicité Que toi seul peut trouver Pour cela tu devras Aller au plus profond de toi Te perdre dans les méandres Où tu pourras apprendre À dompter le dragon Qui te submerge d’émotions À libérer tes qualités Qui sont tes véritables alliés À déjouer les pièges Et des sorcières les sortilèges À trouver ce qui t’anime Pour ne pas t’enfoncer dans l’abîme Des tentations illusoires Et nuages de désespoirs Adolescence Chemin de transcendance Où tes ailes immaculées Commencent à pousser Elles déchirent tes chairs Pour se déployer à l’air Entre souffrance Et demande d’endurance S’opère la transformation Que tu accompagnes avec passion Où tes forces se déploient Pour oser suivre ta voie Parfois inattendue Prenant au dépourvu Ceux qui pensent savoir Ou te poussent au devoir Mais adolescence Est aussi chemin de patience Et ne va pas croire Qu’à un âge butoir Tu seras arrivé Au summum de la liberté Et que tu te connaîtras Autant qu’un Bouddha ! Mais tu auras les armes Pour comprendre les larmes Tu ne sauras pas la fin Mais arpenteras ton destin Avec la confiance De l’évidente bienveillance Car la vie est une quête Qui jamais ne s’arrête cAro, le 22/03/2020 © Caroline Dewaele
Clip
Mais je ne voulais pas m’arrêter là. Juste écrire un texte, enregistrer le slam, le diffuser sur mon blog… Car j’ai énormément de difficultés à diffuser mes œuvres, je suis d’une timidité maladive pour ça ! Une fois que je suis sur scène ça va, je suis dans ce que j’offre, ce que je crée, ce que je partage. Mais avant… Chercher et contacter des lieux de diffusion, des scènes, des festivals, « vendre » mes créations, quelles qu’elles soient… C’est difficile. Je n’ai pas un profil commercial 😉
Bref, je savais donc que ce message aurait des difficultés à être diffusé. Du coup, j’ai eu l’idée d’en créer un clip, et le mettre sur une ou plusieurs plateformes vidéos. Et pour être sûre que quoiqu’il arrive, le message passerait au moins à quelques adolescents, j’ai lancé un appel auprès de tous ceux que je connaissais et leur ai demandé de le diffuser dans leur réseau : je recherchais des adolescents qui se filment en train de slamer le texte (avec des recommandations pour avoir un rendu assez homogène). Les vidéos ont été tournées durant le confinement, avec « les moyens du bords ». Et c’est juste magnifique. J’ai eu de très beaux retours sur le texte, et de très beaux messages de parents me disant que cela leur avait permis d’aborder cette thématique avec leur enfant et de mieux communiquer ensemble.
Ce clip n’est actuellement pas monté. Car auparavant, il reste une dernière chose à faire.
Musique
En parallèle des vidéos, j’ai cherché quelqu’un qui puisse mettre le slam en musique. Je n’ai pas trouvé. Je connais des musiciens mais aucun n’était dispo ou inspiré ou assez à l’aise pour composer sur ces mots. J’ai donc décidé de créer la musique moi-même.
Je ne suis pas musicienne, je ne joue d’aucun instrument. À part ma voix.
Depuis ce moment, je cherche à composer et à développer les compétences qui me permettront de mettre ce slam en musique, entre autre. J’apprends à jouer d’un instrument, à faire sonner ma voix différemment, à jouer sur les harmonies. Je teste, j’explore, je découvre… C’est assez long, mais c’est un apprentissage.
Depuis quelque temps, j’apprends à prendre le temps. J’apprends à écouter la vie et à sentir quand c’est le moment. Je n’ai plus envie de courir. Ce slam, avec sa musique et son clip, verra le jour quand il sera mûr, quand son temps de gestation sera terminé. En attendant, j’apprends et je crée ce qui est prêt à voir le jour, avec les compétences qui sont miennes en ce moment… 😉
Image de Une : © Pixabays